Echanges MFP : vis ma vie de journaliste à Bruxelles et Montréal

03.10.2016

Tout au long du mois de juillet, les journalistes Thomas Gerbet (Radio-Canada) et Baptiste Hupin (RTBF) ont échangé leurs rédactions. Ils ont tenu un blogue pour partager leur vision de Bruxelles et Montréal. Leurs textes ont été publiés au même moment sur les sites web des deux médias. Il y a été question de fêtes nationales, de l’Euro de football, d’alimentation, de langues... et de la pratique du vélo. Dans un ultime échange, ils livrent ici la liste des cinq choses qui les ont le plus surpris dans leur pays et leur salle des nouvelles d’adoption.


Thomas Gerbet, en Belgique

1 – À la RTBF, le matin, les gens se font la bise, hommes comme femmes. Mais attention: une seule bise, en tendant la joue droite. Au Québec, c’est deux, mais en tendant la joue gauche, et c’est très rare de le faire au bureau, encore plus entre deux hommes.

2 – Au cinéma, à Bruxelles, en plein milieu du film, tout s’arrête. Un entracte. De dix minutes ! En pleine action...

3 – Au Parlement belge, lors des questions des députés au gouvernement, le ministre interrogé doit se lever et s’asseoir devant tout le monde. Il se retrouve au centre, face aux élus, au peuple. Il ne peut pas se défiler ou laisser un collègue répondre à sa place comme au Canada.

4 – J’ai plusieurs fois croisé des ministres belges en pleine rue, sans aucune protection. Ils étaient même disponibles pour donner une interview, sans attaché de presse pour faire barrière. Le rêve. Un policier en service a même répondu à mes questions au micro. Inenvisageable à Montréal.

5 – Pour finir : une perle. Une réflexion entendue dans la rédaction de la RTBF : «Lui, il est con comme un iceberg.» Qu’est-ce que ça veut dire? ai-je demandé. «Il est trois fois plus con que ce qu’on voit.»


Baptiste Hupin, au Canada

1 – Il règne dans la salle des nouvelles de Radio-Canada un calme à faire pâlir d’envie les journalistes qui travaillent dans celle de la RTBF, où nous avons un comportement plus «démonstratif», dirons-nous.

2 – Le mois de juillet 2016 aura été marqué par l’attentat de Nice. Le souvenir de cet événement reste douloureux. Mais il m’aura permis de voir comment fonctionne la rédaction de Radio-Canada pendant un événement d’actualité majeur et impromptu. C’est dans l’urgence que les rédactions révèlent leur véritable identité et que l’on peut mettre à l’épreuve la capacité des journalistes à collaborer. La participation à une émission spéciale dans une autre rédaction que la mienne m’a permis de tirer beaucoup d’enseignements sur ma propre pratique journalistique.

3 – Les ruelles de Montréal m’ont laissé sous le charme. Des îlots de calme et de verdure dans une ville en mouvement perpétuel en été. La ville que j’ai découverte cet été est très différente de la Montréal que j’avais visitée plusieurs fois au cœur de l’hiver. Une ville créative, dynamique et multiculturelle.

4 – A Radio-Canada, on m’a trouvé très poli (trop?) lorsque j’ai salué chacun de mes collègues les premiers matins en arrivant au travail. Ils m’ont salué en retour. Mais m’ont dit qu’il n’était pas nécessaire de leur serrer individuellement la main tous les jours. Cela dit, je me suis tout de suite senti accueilli et entouré par l’équipe de L’Heure du monde.

5 – Le Québec m’a offert une belle leçon de modestie par rapport à la qualité des bières belges. Face à la diversité de vos bières, la Belgique a intérêt à innover si elle tient à sa réputation de pays de la bière…


Merci aux MFP d’avoir permis cet échange qui renforce les liens entre rédactions et rappelle que, malgré nos différences, nous partageons une langue et un idéal de service public communs. Ce mois loin du «Boulevard Reyers» m’a donné l’occasion de retrouver l’enthousiasme de mes premiers pas dans le journalisme. Cette époque où mon carnet d’adresses était presque vide et où chaque reportage était une découverte.


Recueilli par Claude Fortin (Radio-Canada)


>>> A lire aussi : Bruxelles-Montréal : on a échangé nos rédactions, sur le site de la RTBF.