Du 16 juillet au 30 août, France Inter diffusera en matinales de fin de semaine et le samedi à 20 heures les reportages réalisés par 130 élèves de 14-15 ans issus de quartiers qualifiés de « difficiles ». Les apprentis reporters ont été cornaqués depuis le mois de septembre par vingt-cinq journalistes ou producteurs volontaires.
L’émission du samedi durera une heure. Chaque classe aura «son» émission: quatre reportages, d’une durée de 4’30 chacun, précédés d’un retour sur expérience : pourquoi ont-ils choisi tel ou tel thème? Que pensent-ils aujourd’hui du métier de journaliste par rapport aux préjugés qu’ils pouvaient avoir? Les aléas auxquels ils se sont heurtés…
Malgré l’appui des professionnels, ces jeunes ont en effet découvert qu’il n’était pas si simple de réaliser un reportage. Ils ont appris à choisir un angle, préparer des interviews, trouver les bons interlocuteurs.
«Le plus long, explique Emmanuelle Daviet, qui, outre la gestion de sa propre équipe, a coordonné toute l’opération, a été de déterminer les sujets et de fixer les rendez-vous: réunir le même jour un interviewé, cinq élèves, un enseignant et un journaliste relève de l’exploit!» «Le plus dur pour ces jeunes, ajoute-t-elle, a été d’aller interviewer les adultes.»
Les sujets, qu’ils ont eux-mêmes choisis, sont très ambitieux: parler de territoire, d’identité, de la place de la femme dans la société ou de l’amour était, pour la plupart, franchir une barrière culturelle autant que géographique.
L’objectif, au lendemain des attentats, était de leur faire comprendre les mécanismes de l’information, la complexité de la chaîne de décision et de vérification des faits, d’apprendre ce qu’est une vraie «source» et de réaliser que tout n’a pas la même valeur informative sur les réseaux sociaux… Bref, de lutter contre la théorie du complot, très prégnante dans les cours de collège. Objectif atteint? En tout cas, naissance de vocations!
Annette Ardisson (Radio France)
Photo : la journaliste de France Inter Emmanuelle Daviet (en bas, à dr.) et une partie de l'équipe d'Interclass'. (Christophe Abramowitz)