Référendum du 4 mars 2018 : la Suisse conservera-t-elle sa redevance ?

02.02.2018

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le débat passionne. En Suisse, on vote plusieurs fois par an sur des sujets divers, mais cela fait longtemps qu’une campagne n’a pas été aussi vive. Faut-il oui ou non supprimer la redevance audiovisuelle, qui représente 75% des ressources de la Société Suisse de Radiodiffusion (SSR) – et donc de sa filiale francophone, RTS ? Une redevance, particularité suisse, qui est aussi partagée par des radios et télévisions privées qui jouent un rôle de service public audiovisuel local ou régional.

Le comité d’initiative qui a lancé cette idée a réuni le soutien de plus de 100.000 personnes, le nombre nécessaire en Suisse pour que la question soit posée à l’ensemble des citoyens. Pour les initiants, plutôt des jeunes issus de la droite conservatrice et de groupes libertariens, il s’agit juste de s’adapter au monde actuel. Selon eux, chacun devrait pouvoir utiliser son argent comme il l’entend, sans être obligé de contribuer à un service qu’il n’utilise pas ou peu. Le marché fera le tri... et les meilleurs subsisteront.

Économiser les 365 francs suisses (environ 310 euros) annuels de la redevance (montant 2019 par ménage) paraît tentant. Pourtant, un front très large s’oppose à cette idée, allant de la gauche à la droite libérale, réunissant les milieux culturels, musicaux, sportifs, les syndicats, les entreprises, le monde du cinéma, les collectivités locales…

Les derniers sondages penchent vers le non à 60%

Tous craignent la disparition pure et simple de l’audiovisuel public en Suisse, la mainmise de grands groupes de médias étrangers et la disparition de la contribution de la RTS à la création et la diffusion culturelles. Pour la RTS, qui ne peut pas s’impliquer dans la campagne, il s’agit d’expliquer au mieux son rôle tout en informant le public de manière équilibrée sur les arguments des uns et des autres.

Les derniers sondages penchent vers le non à 60%. Mais le résultat final, surtout pour un sujet qui s’avère très émotionnel, se jouera dans les urnes. Verdict le 4 mars.

Doron Allalouf (RTS)

Photo : le 30 janvier 2018, une grande manifestation a réuni les opposants à l’initiative « No Billag » devant le Palais fédéral, à Berne. (Anne Kearney / RTS)