Marcel Quillévéré est, dans le désordre, producteur radio, professeur d’espagnol, chanteur lyrique, directeur d’opéra, auteur, traducteur, conférencier. Le point commun ? La musique latino-américaine, dont il est amoureux et spécialiste. Il signe pour les Médias Francophones Publiques, à l’enseigne de la RTS, une série de 40 chroniques musicales autour de la musique orchestrale à Cuba. « Carrefour des Amériques » promet quelques surprises et d’étonnantes découvertes. Rencontre.
Qu’y a-t-il de si spécial à Cuba ?
Très tôt, Cuba voulut se distinguer de l’Espagne. Il y régnait une vie culturelle intense, avec d’un côté des compositeurs cubains et des orchestres excellents et, de l' autre, une capitale culturelle et musicale en relation avec Paris et New York. Le plus grand théâtre des Amériques était à La Havane, on y a entendu Caruso, on y a croisé Gerschwin. Cuba a des liens avec Paul Morand, Robert Desnos, Nadia Boulanger, Darius Milhaud, Ravel, Josephine Baker, Lorca… Quand on parle de Cuba, on parle beaucoup de l’Europe, et c’est donc aussi notre histoire que je vais raconter.
La recherche des documents sonores a été une vraie quête !
Ça a pris des années ! J’ai collecté des disques, rencontré des artistes cubains, fait des recherches dans les bibliothèques. C’est difficile, car cette histoire a été oblitérée et est très mal connue, même à Cuba. J’ai eu la chance que Radio CMBF, à La Havane, m’ouvre ses archives. C’est eux qui m’ont dit: «C’est toi qui va parler de nos musiciens, alors que personne ne s’y intéresse.»
Comment se présente la série Carrefour des Amériques ?
Nous allons suivre un fil plus ou moins chronologique, qui nous conduira du dernier quart du XIXe siècle à la veille de la Deuxième Guerre mondiale. Mais chaque émission sera l’occasion d’explorer un genre musical, une personnalité, une amitié méconnue, en faisant quelques allers et retours entre l’histoire et la période actuelle. C’est l’écrivain Alejo Carpentier, cubain mais né à Lausanne et qui vécut à Paris, qui dit justement: «Quand on aime la musique cubaine, il faut la prendre entière, des rues aux cabarets, aux salles de concerts et aux opéras.»
Propos recueillis par Doron Allalouf (RTS)
Photo de Marcel Quillévéré : Philippe Christin (RTS)
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