A la RTS, Serge Gremion est responsable du Labo et de la Veille numériques. A ce titre, il scanne l’évolution du paysage numérique médiatique. Avec le Labo, il initie et porte des projets en matière de nouvelles écritures. Il est aussi depuis peu l'animateur du groupe de travail dédié à la webcréation créé à l'initiative de la commission Numérique des MFP. Il en présente ici les enjeux.
Quels sont les défis communs que doivent relever les médias représentés au sein du groupe de travail que vous animez ?
Je dirais, tout de go, l’obligation d’être créatifs et réactifs, avec un bon équilibre entre la parole et l’écoute en quelque sorte. Je m’explique. Pour proposer des contenus numériques de qualité, notamment pour les jeunes (un défi unanimement partagé), il faut organiser et gérer trois axes : l’intention éditoriale (nous, notre mission), l’histoire pertinente (auteurs/créatifs) et les réels besoins des « utilisateurs » (le public). Un sacré équilibre. Chacun des axes pouvant déséquilibrer les autres.
Avec le numérique, le public a gagné, à juste titre, du pouvoir. Il faut savoir l’écouter, sans bien évidemment se transformer en chasseur de clics monomaniaque. Chacun fixe ses curseurs selon son marché et sa sensibilité.
Il y a plein d’autres défis, comme celui offert par la diversité des plates-formes (réseaux sociaux) et des publics (jusqu’aux niches), induisant des narrations et des codes différents : comment demeurer crédibles ? Cela doit passer par des moyens suffisants (comme des équipes Snapchat dédiées ?), tandis que le succès n’est pas assuré et que les finances des services publics sont sous pression…
Quelles sont les formes que pourra revêtir cette collaboration ?
La collaboration se fera sur plusieurs plans. Il y a l’opportunité de collaborer sur des contenus (co-productions, préachats, échanges). Les réflexes ne sont pas aisés. On s’est promis de les encourager. Ils seront activés lorsqu’un projet a réellement du potentiel. Nous éviterons la stimulation systématique...
Il y a aussi l’échange d’informations, si possible sans tabou, et l’échange de points de vue : la définition d’un succès (ou d’un échec), l’analyse de cas d’usages, la typicité d’un marché, le débat sur les tendances, la présentation de stratégies. Pour ceci, c’est clairement la connivence entre les membres qui produira de l’utilité.
Concrètement, quelles seront les modalités de fonctionnement du groupe ?
Nous avons décidé de plusieurs canaux. Trois ou quatre réunions virtuelles (Skype ou téléphone) par an. Un compte Slack (ou l’email) pour les échanges courants. Et puis nous souhaitons profiter de la présence des uns et des autres lors de festivals ou de conférences pour des réunions in real life. J’espère que nos (précieux) amis canadiens s’y retrouveront : ils possèdent une expertise certaine, nous avons besoin d’eux.
Propos recueillis par Hervé Lefèvre / Les MFP
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