LES CINQ PREMIERS ÉPISODES DE LA SÉRIE
Épisode 1 : De Sugarhill Gang au mouvement hip-hop. À la fin des années 70, à l’heure où le disco et la funk résonnent à travers le monde, un nouveau mouvement apparaît, tout d’abord dans les ghettos noirs new-yorkais : c’est le mouvement hip-hop. En 1979, un hit mondial va à lui seul définir les bases du rap. Rapper’s Delight, de Sugarhill Gang, tube résolument disco-funk, arrive dans les oreilles. Le mouvement hip-hop est lancé. Au début des années 80, les médias français commencent à s’intéresser à la culture hip-hop. Sugarhill Gang sera même reçu dans une des émissions de divertissement les plus populaires en France, le Collaro Show.
Épisode 2 : L’union fait la force, des crews à l’âge d’or du rap. Avant de devenir les artistes solo que l’on connaît, les rappeurs ont d’abord fait partie de crews. Dans le hip-hop, un crew (ou un posse) est une équipe, qui pratique collectivement le graffiti, le DJ-ing, la danse, avec des valeurs communes. À l’époque des premiers pas de la culture hip-hop, il était inconcevable d’imaginer un rappeur sur scène sans son crew, avec son DJ, des danseurs, voire même un graffeur qui peignait une fresque en live.
Juliette Fievet anime Légendes urbaines sur RFI/France 24. (Photo : DR)
Épisode 3 : Marseille et Paris, deux cultures pour un même combat. À l’image du foot, le clivage Paris-Marseille ne date pas d’hier. Le rap n’a pas échappé, fût un temps, à cette rivalité. À l’aube des années 90, presque seul le rap venant de paris est représenté dans les médias, avec notamment le Deenastyle sur Radio Nova ou Rapline d’Olivier Cachin, sur M6. Le succès d’un groupe de Marseille, IAM, donne envie à certains d’imaginer une rivalité entre les représentants du Nord, NTM, et ceux du Sud, IAM. Mais cette haine mutuelle existe-t-elle vraiment ?
Épisode 4 : La révolution industrielle du rap. Certains artistes ont réussi très tôt à tirer leur épingle du jeu, mais tout n’est pas simple : qui dit succès commercial dit manque d’authenticité pour certains.... Un des premiers succès commercial du rap, c’est Mais vous êtes fous, de Benny B : et c’est aussi un des succès les plus contestés ! Loin d’être le premier rappeur belge, Benny B et son DJ, Daddy K, contribuent pourtant à populariser et à vulgariser le rap. Le succès est tel qu’il dépasse bien les frontières de la Belgique pour s’inviter sur les plateaux de célèbres shows TV français, comme... L’École des fans !
Épisode 5 : Rap, politique et société : le rap face à l’État. Depuis toujours, le rap a pour principale vocation de dénoncer les injustices de ce monde et de narrer une réalité trop souvent oubliée et rarement mise en lumière. La réalité des démunis, le racisme, les violences policières, l’inégalité du partage des richesses... Véritable média d’une réalité oubliée des médias, le rap se fait le porte-parole de ceux qu’on n’entend pas ou peu.
Éric Metzger et Quentin Margot, co-auteurs avec Juliette Fievet de la série « 40 ans de rap ! »
(Photo : Christophe Abramowitz / Radio France)
Épisode 6 : Le tournant des années 2000, du rap conscient, aux émeutes et au gangsta rap. Au début des années 2000, parler du rap revenait à parler du rap conscient. Le propre du rap était de faire réfléchir, de dénoncer les injustices et de transmettre un message. A cette époque, de nombreux rappeurs dénoncent, analysent, et encore aujourd’hui, on étudie les textes de rap du début du millénaire dans les programmes scolaires. Des plumes comme Oxmo Puccino, Mc Solaar ou encore Youssoupha acquièrent alors une reconnaissance qui va au-delà du rap game. Le gangsta rap, lui, existe depuis toujours, notamment avec des groupes comme Tout Simplement Noir, Timide et sans Complexe, Ministère Amer, ou même Ideal J… Mais c’est surtout avec la nouvelle génération, peut-être plus virulente, que cette forme de rap va s’imposer massivement, jusqu’à devenir la forme la plus populaire en France.
Épisode 7 : Le rap et la variété. Le rap n’a pas fini de conquérir la France et, au milieu des années 2000, impossible de l’ignorer : en passe de devenir la musique la plus populaire de France, le rap reste pourtant boudé par les médias, écarté des télévisions et des radios. Les ventes de disques de rap explosent, mais les médias généralistes et les sponsors restent sceptiques et résistent ! Mais pour combien de temps encore ? Avec l’instauration des quotas sur la chanson française et les radios commerciales qui jouent des playlists en boucle, le rap entre finalement dans une nouvelle ère et devient plus mainstream. Le rap se rapproche de la variété et inversement, et fait même son entrée dans la très guindée et classique cérémonie des Victoires de la Musique… Enfin presque : au lieu de classifier les rappeurs dans des catégories généralistes, on crée pour le rap des catégories spécifiques, qui changeront d’appellations presque chaque année, ce qui accentue encore la scission entre la variété et le rap.
Épisode 8 : Le rap et le verbe. Au XVIe siècle, le français devient langue littéraire légitime, au même titre que les langues anciennes, sous l'impulsion de poètes comme ceux de la Pléiade (Du Bellay, Ronsard). Quelques siècles plus tard, il est donc normal qu’un style de musique s’en empare. En rap, le français est un terrain de jeu : à coups de punchlines, de métaphores, en créant son propre vocabulaire, la musique accompagne les textes, fruits de la créativité des artistes. On reconnaît alors un artiste à ses tics de langage, à sa façon de manier les mots, de faire rimer les phrases. Certains rappeurs sont considérés comme des poètes, au même titre que certains écrivains.
Épisode 9 : Le rap, musique numéro 1 du XXIe siècle. 2020. Le jeune rappeur Ninho est numéro 1 des ventes de disques, PNL est tête d’affiche dans les plus gros festivals français, Jul est le deuxième plus gros vendeur de l’histoire après un certain… Johnny Hallyday. Pas de doute, le rap est bien numéro 1 en France. Le rap réussit le pari de s’imposer dans un marché qui lui était hostile au départ, il convainc désormais tout le monde, les petits comme les grands. Dans une ère pourtant difficile pour l’industrie musicale, le rap fait exception, en explosant les compteurs, et en ayant réussi à s’approprier, plus vite que les autres sans doute, les mutations digitales qui touchent notre société. Aujourd’hui, non seulement le rap a gagné sa place de musique la plus populaire de France, mais l’avenir du rap est déjà bien engagé, car il se réinvente en permanence : après la trap, arrivée il y a quelques années, le rap devient maintenant plus électro, et c’est quasiment impossible aujourd’hui de passer une soirée sans danser dessus.
À PROPOS DE LA SÉRIE « 40 ANS DE RAP ! »
Une coproduction France Inter / Les Médias Francophones Publics – 2020
> Proposé par : Éric Metzger et Quentin Margot, avec Juliette Fievet
> Voix : Juliette Fievet
> Recherche : Alexia Lacour
> Réalisation : Jérôme Chelius
> Production : Radio France